Tous les derniers d’Ylnalaën suivirent l’appel et se retrouvèrent, pauvre (mais toujours noble) parmi les pauvres, sans toit, sans or, sans bijoux, sans meuble précieux, avec pour seuls vêtements ceux qu’ils portaient au moment de l’Exode. Il fallait tout reconstruire, et pas à pas réaffirmer leur position sociale supérieure. La route s’annonçait longue, car parmi les familles de la noblesse, elle était l’une de celles qui avaient payé le plus lourd tribut pour la sauvegarde des Saintes Terres, qui maintenant ne devaient plus être que landes dévastées, aux mains souillées du barbare ennemi.
Rapidement, les choses s’organisèrent et les premiers campements de fortune sortirent de terre… en attendant mieux. Au vu du nombre réduit de tentes qui étaient disponibles, ce fut une sournoise lutte d’influence pour en obtenir une. Mais le jeu était faussé, car la plèbe ne se laissait pas faire si docilement. C’était une question de survie. Heureusement que les Ithoriens exilés étaient trop fourbus et trop respectueux d’un clergé qui mis bon ordre dans l’attribution de ces premières habitations, sinon cela aurait pu à tout moment dégénérer en un pugilat général.
Plus les jours passaient, et plus les velléités personnelles s’émoussaient. La construction des nouvelles cités primait et tous œuvraient en ce sens avec acharnement. Nobles et populaces travaillaient ensemble pour le bien de tous. Ainsi, les d’Ylnalaën se firent tour à tour, maçons, charpentiers, jardiniers, bûcherons, soldats, éclaireurs, mineurs. Petit à petit, de véritables constructions sortirent de terre. Bientôt une première ville, Dalriel, construite autour d’un ancien temple à la gloire de Keldar, puis une seconde, Kalaan, et enfin une troisième, Waldemen, sortirent de terre.
Alors que le confort et la sécurité de tous était de nouveau assuré, les luttes d’influence reprirent rapidement. Il ne fallut que peu de temps pour la noblesse pour reprendre la main sur la plèbe qui s’était habituée à voire les illustres familles comme leurs égales. Puis, celles-ci recommencèrent le jeu qu’elles menaient depuis l’aube des temps, la quête du pouvoir. Les premières joutes furent déclenchées lors de la cérémonie de couronnement du nouvel Avatar de Keldar. Les d’Ylnalaën choisirent de suivre et d’appuyer les De Sigyll, qui grâce à leur passé avait toujours jouit d’une grande influence et d’un grand respect, et surtout le nouveau chef de la lignée, Yrreraent s’était engagé à suivre aveuglément son commandeur, le dernier commandeur des armées d’Ithoria, Kaareron. Ils espéraient qu’en agissant ainsi, la gloire de leur champion rejaillirait sur eux. Et puis, le Patriarche d’Ylnalaën avait entendu par hasard son supérieur préparé le mariage de sa sœur avec le Prêtre Roi. Les descendants de l’Érudite étaient donc presque certains que leur stratégie serait payante à terme, et qu’ils bénéficieraient à nouveau de toute leur gloire et de tout leur prestige.
Au premiers temps de cette collaboration, tout semblait aller pour le mieux. Yrreraent était toujours en mission et les femmes de la lignée survivantes s’occupaient, pour le mieux, des jeux de la cour de Dalriel. L’Avatar venait de prendre le nom de Sigyll et grâce à la proximité entre les deux familles, la lignée de l’érudite était à nouveau regardée comme une famille sur laquelle il fallait compter. Ils investirent une demeure imposante dans les hauts quartiers de Dalriel et rapidement achetèrent le droit de diriger quelques parcelles de terre aux alentours d’une grosse bourgade du nom d’Orshité, le sol étant propice à la vigne.
Puis virent les premiers troubles, Kaareron de Sigyll se faisant déchoir de son grade pour avoir tenu tête au Conclave dans son ensemble. Par ricoché, cela porta quelqu’opprobre sur le Saint Nom d’Ylnalaën. Mais l’extrême fidélité d’Yrreraent à son commandeur, leur empêcha de se défaire de cette alliance qui était en cet instant quelque peu encombrante. Les quelques mois qui suivirent furent électriques et s’achevèrent par la mort de l’aîné de la lignée de la Paladine à Orshité. Une mort glorieuse, qui permit d’oublier les derniers moments sombres qu’avait vécu ce héros du Saint Royaume. Et alors que la lignée d’Ylnalaën avait réussi à redorer son blason quelque peu ternis, les terres qu’ils avaient sous leur responsabilité furent ravagées par les hordes gobelins, réduisant à néant leur espoir d’obtenir leurs premières vendanges au cours du cycle prochain.
Avec la mort de Kaareron de Sigyll, qui était leur champion dans la quête d’influence au sein de la cour de Dalriel, les d’Ylnalaën se retrouvent dorénavant livrés à eux-mêmes dans cette partie d’échec pour la puissance et la renommée. Toutefois, leur choix premier d’appuyer Kaareron, leur a permis d’être suffisamment reconnu pour tenter d’intégrer le cercle des familles les plus puissantes du royaume.